Une nouvelle histoire tirée du manuel de Anna Galore "J'ai encore treize envie"... Une histoire à laquelle j'ai souvent rêvée... Rencontrer une belle femme sur une aire d'autoroute !...
Vous qui prenez la route des vacances, si vous arrêtez quelque part le long de l'A7... Vous me raconterez.
C’était
fin juillet 2006, pendant la canicule. Je remontais par l’autoroute
A7 vers Lyon avec
Fiona, ma tendre épouse, après une semaine de vacances qui avait
rapidement tourné au fiasco
total. Non seulement le Village Center et les plages étaient plus
bondés qu’un hypermarché
un samedi après-midi de soldes, mais, en rentrant plus tôt que
prévu de ma corvée
de courses justement, j’avais trouvé Fiona nue, à quatre pattes,
dans le mobile home.
Ça
ne devait pas être à cause de la chaleur si elle avait enlevé tous
ses vêtements, vu que le maître-nageur,
nu lui aussi, la chevauchait avec des han de bûcheron. Curieusement,
ce qui m’a le plus vexé, ce n’était pas qu’elle se fasse un
mec en douce, mais
qu’elle se soit refusée à moi depuis des semaines sous prétexte
de je ne sais quel problème
d’irritation vaginale. Ou alors, elle venait de guérir subitement
et il avait fallu qu’elle
se soulage d’urgence, la pauvre.
Ils
tournaient le dos à la porte et ils ne m’avaient pas vu arriver.
Comme un con, j’ai attendu,
un gros sac à chaque bras. Quand le mec a poussé un grand râle,
j’ai dit :
-
Je ne vous dérange pas ?
Pas
très original, d’accord, mais ça a fait quand même son petit
effet. Fiona a hurlé et s’est
écrasée à plat ventre sur le sol, comme pour se cacher dessous. Le
maître-nageur s’est retourné
vers moi d’un bond, visage tout rouge et bite dressée, en pleine
éjaculation. Quelques giclées
ont atterri sur mes sacs. Charmant.
C’était
la veille du départ. Autant dire que l’ambiance dans la voiture
était plutôt glaciale,
même s’il faisait 40° sous un soleil de plomb et que la clim
était largement inefficace. On
roulait depuis plus de quatre heures, j’avais besoin d’un break
pour me détendre et me
rafraîchir un peu. J’ai pris la première aire qui se présentait.
Fiona s’est dirigée vers les toilettes
et moi vers la boutique pour acheter une bouteille d’eau glacée à
prix d’or.
Ensuite,
je suis sorti me dégourdir les jambes. Le lieu était plutôt bien
aménagé, avec des
arbustes, des pelouses et un chemin autoproclamé « parcours
découverte ». Je l’ai suivi pour
m’éloigner un peu de la foule en général et de Fiona en
particulier. L’instinct grégaire étant
ce qu’il est, au bout d’une centaine de mètres, j’étais seul.
J’ai
aperçu à travers les buissons un grand brumisateur. Des jets fins
sortaient de poteaux
verticaux, répartis autour d’une dalle en béton de quatre ou cinq
mètres de diamètre. Ils
convergeaient vers le centre en un brouillard dont je sentais déjà
la fraîcheur. C’était exactement
ce dont j’avais besoin, je dégoulinais de transpiration. En
m’approchant, j’ai vu qu’une
femme se trouvait déjà là, à profiter des gouttes qui
l’aspergeaient.
Elle
avait la quarantaine. Resplendissante, elle était vêtue d’un
short et d’un débardeur qui
lui collaient à la peau à cause de l’eau. Elle ne portait pas de
soutien-gorge et ne semblait pas
en avoir besoin. Elle devait être une adepte des salles de gym ou du
jogging pour avoir un corps
aussi parfait.
Mon
admiration sincère et innocente devait se lire dans mon regard. Elle
m’a gratifié d’un
sourire à fondre. Je l’ai salué d’un hochement de tête et lui
ai dit :
-
Puis-je me joindre à vous ?
Je
ne suis vraiment pas doué pour les répliques originales. Elle m’a
répondu :
-
Bien sûr, je vous en prie.
Comme
si je l’avais croisée à la terrasse d’un café bondé, en lui
demandant si je pouvais m’assoir
à sa table parce qu’il n’y avait pas de place ailleurs. Sauf que
là, il n’y avait personne d’autre
que nous. Je
me suis avancé sous les jets sans la quitter des yeux et me suis
arrêté à un mètre d’elle.
La sensation de l’eau était délicieuse et la vue de cette
inconnue si agréable encore plus.
Nous sommes restés comme ça, face à face, souriants, sans dire un
mot. Elle semblait me
trouver tout à fait sympathique, elle aussi. C’est elle qui a
rompu le silence.
-
Vous avez une façon de me regarder avec un plaisir évident que je
trouve très agréable.
J’étais
dans un tel état de grâce que je n’ai même pas été surpris par
une déclaration aussi
directe. Ni gêné en quoi que ce soit.
-
Cela doit vous arriver tout le temps, non ? lui ai-je répondu. Vous
êtes absolument superbe.
Ne me dites pas que vous n’avez pas de compagnon, de mari.
-
Je suis mariée, en effet. Mais mon cher époux ne m’a plus
regardée comme vous êtes en
train de le faire depuis une éternité.
-
Comment est-ce possible ?
-
Le temps qui passe, je suppose. Cela fait près de quinze ans que
nous sommes ensemble.
J’ai fini par devenir un simple élément de son décor. Vous
croyez que c’est pareil pour
tous les couples ?
Elle
disait cela sans aucune amertume, en continuant à me sourire, comme
si elle n’y attachait
aucune importance et qu’on discutait de choses aussi banales que la
météo.
-
Pas forcément, non. Tenez, mes voisins, par exemple. Quand ils se
sont connus, lui avait
la cinquantaine et elle, vingt ans de moins. C’était il y a trente
ans et ils sont toujours amoureux
comme s’ils venaient de se rencontrer. Comme quoi, il suffit de
tomber sur la bonne
personne.
-
Voilà qui donne espoir, en effet. Et vous, vous êtes marié ?
-
Plus pour très longtemps.
-
Votre femme ne vous regarde plus comme avant ?
-
Disons qu’elle regarde ailleurs.
-
J’ai envie de sentir l’eau directement sur ma peau. Ça vous
embête si j’enlève mon débardeur
?
-
Euh… non, mais… et si votre mari arrive et nous voit ensemble
comme ça ?
-
Aucun risque qu’il arrive. Et, même s’il le faisait, je ne suis
pas sûre qu’il remarque quoi
que ce soit. Il ne me voit plus, je vous dis. De toute façon, il
dort dans la voiture, là-bas sur
le parking, et à mon avis il en a pour une bonne heure.
-
Si j’étais vous, je ne parierais pas sur l’heure à laquelle
quelqu’un est censé arriver.
-
C’est comme ça que vous avez su que votre femme regardait ailleurs
?
-
Exactement.
-
Je vais quand même enlever mon débardeur. Sauf si ça vous gêne.
-
Bon, alors, j’enlève aussi mon t-shirt. Comme ça, on sera à
égalité.
-
J’adore votre façon de voir les choses.
Elle
a retiré son haut et moi aussi. Sans pouvoir dire pourquoi, j’étais
certain qu’elle n’aurait
jamais fait une chose pareille avec qui que ce soit d’autre que
moi. Nom
de Dieu, elle était vraiment sublime. Ses seins avaient un port
altier. L’eau froide les
faisait pointer et les gouttelettes qui perlaient dessus les
rendaient encore plus attirants. J’ai eu très envie de les
toucher. Il m’aurait suffi de tendre les bras. Mais je ne voulais
surtout pas prendre
le risque de la faire fuir ou de la décevoir.
Je
me suis mis à bander. Je me suis demandé si elle pouvait le voir.
Et ce qu’elle en penserait
si elle le voyait. Est-ce qu’elle n’allait pas…
-
Vous êtes en érection rien qu’en me regardant. C’est vraiment
très flatteur pour moi.
Ben
voilà, j’étais fixé.
-
Vous savez, a-t-elle repris, moi aussi vous m’excitez beaucoup.
Elle
a glissé lentement une de ses mains sous son short et a commencé à
se caresser, sans
me lâcher du regard. Il fallait à tout prix que j’ouvre mon short
ou les boutons allaien éclater.
-
Vous pouvez vous toucher aussi, a-t-elle murmuré d’une voix un peu
haletante. Comme
ça, on sera à égalité.
-
J’adore votre façon de voir les choses, ai-je répondu en écho à
notre échange deux minutes
plus tôt.
J’ai
sorti mon pénis tendu à craquer pour me masturber face à elle.
C’était divin, naturel, pas
du tout malsain. Bien au contraire, nous nous montrions à la fois
notre désir et notre respect.
Ses
petits gémissements m’excitaient encore plus. Tout à coup, nous
avons chacun fait un
pas en avant et nous nous sommes retrouvés peau contre peau. Nous
avons lâché nos sexes pour
nous nous enlacer, échangeant un baiser d’une intensité et d’une
douceur incomparables.
Je
me suis laissé glisser le long de son corps, léchant ses seins, les
pétrissant, puis plus bas
encore jusqu’à ce que je me retrouve à genoux sur le béton
mouillé. J’ai descendu son short
le long de ses cuisses. Son pubis était totalement épilé, une
merveille à contempler. J’ai mis
ma langue sur son clitoris, l’aspirant du bout des lèvres. J’ai
été aussitôt récompensé par un
râle venu du plus profond de sa poitrine.
J’ai
levé la tête vers elle. L’irisation des gouttelettes traversées
par le soleil formait comme
un arc-en-ciel autour de son visage extatique. Nous
étions au paradis, au jardin des délices.
Quelque
part, très loin, il y avait une aire d’autoroute où des centaines
de personnes allaient,
venaient, buvaient, pissaient, mangeaient, s’embrassaient,
s’ignoraient, somnolaient, téléphonaient,
s’énervaient, s’ennuyaient, rêvaient.
Quelque
part, son mari ronflait dans une voiture surchauffée pendant que
Fiona se morfondait
en essayant d’imaginer son avenir devant le distributeur à café.
Quelque
part où nous n’étions pas.
Quelque
part qui n’existait pas.
La
seule chose qui existait, c’était nous.
Nous
deux, allongés l’un sur l’autre, emmêlés, fusionnés en une
seule âme, faisant l’amour
comme au premier jour, nous aimant comme au dernier.
Toute
cette eau qui continuait à tomber sur nous en plein soleil était
comme une caresse, un
souffle protecteur.
L’univers
a vibré quand nous avons joui.
Nous
sommes restés comme ça un long moment et nous avons recommencé.
Dans
la chanson de Fugain, les amants qui se croisent sur l’autoroute
des vacances se séparent
au petit matin et ne se revoient jamais. Et il appelle ça un jour de
chance, une belle histoire.
Quelle stupidité.
Heureusement,
dans la vraie vie, c’est bien mieux que dans n’importe quelle
chanson.
Nous,
nous ne nous sommes plus jamais quittés.
Et,
chaque fois que je la regarde, je la trouve encore plus belle que la
première fois.
Notre
soleil s’est levé ce jour-là et, depuis, il luit pour toujours.